LES NOCES

La création de l’œuvre a eu lieu le 13 juin 1923 à la Gaîté Lyrique à Paris, par les Ballets russes (1909-1929), sous la direction musicale d’Ernest Ansermet (1883-1969), dans des décors et costumes de Natalia Gontcharova (1881-1962), à partir d’un livret d’Igor Stravinsky (1882-1971) dont la prose fut traduite en français par Louis-Ferdinand Ramuz.

Poursuivant ses recherches sur les figures saillantes de la modernité, Dominique Brun se tourne vers Bronislava Nijinska (1891-1972), première et unique femme chorégraphe des Ballets russes (1909-1929). Dominique Brun s’appuie sur une lecture éclairée des archives des Noces de 1923 mais s'intéresse aussi à la recréation des Noces de 1966, par Nijinska elle-même, représentée de nombreuses fois de son vivant. Il s'agit de confronter les deux moments d'existence des Noces : les annotations sur la partition musicale de 1923 aux carnets de recréation de 1966 qui retracent la genèse de la seconde vie de la pièce. In fine, ces archives entrent en dialogue avec la partition chorégraphique consignée par Tom Brown dans des années 1980 (système Laban). Recréées avec la plupart des danseurs que rassemblait Sacre # 2, Les Noces privilégie le mouvement de groupe et l’ancrage au sol, dans une chorégraphie aussi rituelle que terrienne, empruntant sa dynamique aux danses paysannes russes.

Dominique Brun accompagne aussi la danse de Nijinska d'une dramaturgie originale. Elle insère entre les quatre tableaux des Noces, trois « tableaux vivants » qui représentent des « noces paysannes » peintes par Pieter Bruegel (1564-1636) et par Pierre Paul Rubens (1577-1640). Sur scène, les danseurs et musiciens prennent les attitudes qu'on voit dans les compositions des deux peintres. L'immobilité relative de ces « tableaux vivants » entre en tension avec la chorégraphie de Nijinska où les mouvements acérés se donnent comme de véritables coups et l'usage des pointes figure métaphoriquement le percement de l'hymen.

De la réactivation des archives à leurs actualisations performatives, la relecture que Dominique Brun entreprend des Noces rend hommage à une chorégraphe d’Avant-garde, influencée par le constructivisme et le modernisme de son frère Vaslav Nijinski (1889-1950).

La presse en parle

“Après avoir travaillé sur l’œuvre de Vaslav Nijinski (1889-1950), Dominique Brun s’attaque aujourd’hui à sa sœur, nettement moins connue : Bronislava NIjinska (1891-1972). Au plus près d’archives, de partitions, elle s’attache à faire renaître Les Noces, sublime rituel collectif chorégraphié en 1923 par Nijinska. ”
Rosita Boisseau - Le Monde - 15 septembre 2020

“Dominique Brun est un drôle de petit bout de femme. Elle crée des pièces de danse, mais son métier de chorégraphe et notatrice ne lui suffit pas. Les grands chefs-d’œuvre la fascinent: ceux qui ont défrayé la chronique de la danse contemporaine de leur époque. Patiemment, elle joue les archéologues, retournant aux sources de ce qu’ils ont été, de leurs pas. Puis elle les remonte, mais pas strictement à l’identique.”
Ariane Bavelier - Le Figaro - 25 septembre 2020

“ S’attaquer à l’œuvre trop méconnue de la chorégraphie russe Bronislava Nijinska (1891-1972), sœur de Vaslav Nijinski (1889-1950), et également figure de premier plan de la fameuse compagnie des Ballets russes (1909-1929), génère une impatience et une excitation énormes. C’est la chercheuse et chorégraphe Dominique Brun, déjà repérée pour ses travaux autour de Nijinski, qui se consacre à cette entreprise de mémoire.”
Rosita Boisseau - Télérama Sortir - 27 septembre 2020

“ La plus historienne des chorégraphes Dominique Brun s’attaque à l’oubliée Bronislava Nijinska, la sœur de Nijinski en recréant d’après archives Les Noces, suivi d’Un Bolero dépoussiéré. Magnifique et grandiose.”
Amelie Blaustein Niddam - Toute la Culture - 24 mars 2021

“ Avec un travail précis du geste (les frappés sur pointes, les tressages, les poings fermés) et des placements (tout en symétries et lignes géométriques), Dominique Brun reprend le travail de Bronislava Nijinska avec finesse, prenant autant soin de déjouer l’écriture musicale de Stravinsky – sublimement réinterprétée par chœurs et musiciens – que de traduire son discours profondément féministe inclus dans un cadre historique clair. […] L’effet de groupe est intense, formidable, réjouissant, et les danseurs font voyager l’œuvre dans nos imaginaires d’aujourd’hui, délivrant un message mystique et drôle à la fois.”
Charles A. Catherine - Ballroom Online - 26 mars 2021